Chronique judiciaire: 15 ans de réclusion criminelle pour une bagarre autour du Tchoukoutou

Suivez chaque jour jusqu’à l fin du mois d’aout le compte rendu des assises criminelles du tribunal de première instance de Parakou avec Ismath Ali Yerima. 

Ismath Ali Yerima, chroniqueur judiciaire

Dans ce premier numéro, il s’agit de deux accusés condamnés à 15 ans de Réclusion criminelle. Le tribunal a prononcé cette sentence contre les sieurs NOUMONVI Michel. Il est boutiquier à Tamarou, âgé de 36 ans. De même que contre SERO Chabi. Lui i est cultivateur âgé de 39 ans, célibataire sans enfants. Il s’agit en effet du premier dossier inscrit au rôle de la première session ordinaire statuant en matière criminelle au tribunal de première instance de Parakou. C’est pour le compte de l’année 2019. Les accusés ont été appréhendés pour les faits d’assassinat. Un crime prévu et puni par les articles 295 à 298 et 302 du Code de procédure pénale.

Récit des faits

Dans la nuit du 13 au 14 juin 2015, DITI Roger, un ressortissant de l’Atacora résidant lui aussi à Tamarou, commune de N’dali, s’est rendu au marché de nuit dénommé “Patanti” en compagnie de sa femme Christine. C’est une jeune fille d’environ 14 ans. DITI Roger, après avoir consommé de la boisson locale dansait avec Christine lorsque l’un des membres du groupe auquel appartenaient NOUMONVI Michel et SERO Chabi a tenté d’embrasser la jeune fille. Mécontent d’un tel affront, DITTI Roger a réagi. C’est alors qu’une altercation survient entre eux. L’altercation qui a été vite contenue par l’intervention de certaines personnes dont le sieur Zato qui a reconduit DITI Roger à la maison. Non satisfait de cette interruption de bagarre, NOUMONVI Michel et SERO Chabi qui ont proféré des menaces de morts à DITI Roger se sont portés clandestinement, au domicile de celui-ci où ils ont défoncé sa porte avant de lui porter des coups à la tête avec un objet contondant avant de jeter son corps sans vie dans un puits tari. Après la découverte du corps de DITI Roger dans le puits et des chaussures de SERO Chabi au domicile du défunt au petit matin du 14 juin 2015, celui-ci et NOUMONVI Michel ont été soupçonnés d’être auteurs des faits.

Lors de leur arrestation, il a été remarqué que SERO Chabi portait les chaussures du défunt, DITI Roger et des traces de sang aux pieds de NOUMONVI Michel, alors interpellé et inculpés du chef d’assassinat. Appelé à tour de rôle ce matin à la barre, les accusés n’ont pas reconnu les faits a toutes les étapes de la procédure. Selon SERO Chabi appelé en premier à la barre, c’est son coaccusé NOUMONVI Michel qui se bagarrait avec la victime au marché de “Patanti” avant son décès. Accusation rejetée par son co accusé qui a son tour pense plutôt que c’est SERO Chabi. Malgré plusieurs minutes d’interrogations, la cour n’a pas pu identifier l’auteur du crime et même, lequel parmi les deux accusés s’était bagarré avec la victime peu avant son décès.

Le réquisitoire

Dans sa réquisition, le ministère public représenté par Me Nourou Dine BAKARY a déploré l’absence des témoins qui pourraient permettre de confondre les accusés à la barre,  qui selon lui ont refusé de dénouer les faits afin de dire à la cour l’auteur du crime qui, dans le même temps, a projeté la victime dans le puits. Le ministère public a ensuite souligné qu’il n’y a aucune preuve scientifique dans ce dossier faisant allusion à l’autopsie du cadavre qui permet d’identifier réellement la véritable cause du décès et qui en est le coupable. Les éléments constitutifs n’existent pas dans ce dossier. C’est donc au bénéfice de ces observations qu’il est à constater que les faits mis à leur charge ne sont pas établis qu’on libère les accusés NOUMONVI Michel et SERO Chabi au bénéfice du Doute, a conclu Me Nourou Dine BAKARY.

La plaidoirie

Chargé de la défense de Michel NOUMONVI, Me Enock CHADARE, après avoir salué la réquisition du ministère public poursuit dans cette même logique pour dénoncer l’absence de plusieurs preuves pouvant aider dans l’analyse de ce dossier. Il s’agit entre autres, de l’absence de l’arme du crime, de l’absence de témoins. “On n’a fait que s’asseoir sur les propos des témoins absents à la barre et cela n’est pas suffisant pour un tribunal sérieux”, a déclaré la défense. Me Enock CHADARE a ensuite déploré le fait qu’on accuse son client d’avoir proféré des menaces contre la victime sans mentionner les mots utilisés par ce dernier. “On parle de trace de sang sur mon client sans pouvoir faire des analyses entre le sang retrouvé sur les sandales de mon client et celui de la victime, encore que la victime ivre peut tomber dans un puits” poursuit-il. Pour terminer sa plaidoirie Me Enock CHADARE a plaidé pour l’acquittement au bénéfice de doute de son client. A sa prise de parole l’avocat de la défense de l’accusé SERO Chabi est resté sous l’inspiration de ses prédécesseurs pour rappeler à la cour, les principes de procédure pénale avant de proposer un acquittement au Bénéfice du doute.

Le verdict

Rendant son verdict, la cour présidée par Me ADAMOU Moussa, a déclaré coupables les accusés NOUMONVI Michel et SERO Chabi et les a condamnés à 15 ans de réclusion criminelle et à 15 jours de possibilité d’appel en cas de non satisfaction de la sentence. Il faut noter que le casier judiciaire des accusés ne fait mention d’aucune condamnation antérieure et l’enquête de moralité leur a été favorable. En détention depuis 2015 les sieurs SERO Chabi et NOUMONVI Michel retournent en prison pour encore 11 ans.

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