Depuis le 4 octobre 2021, le Griot Barasuno est dans l’actualité du show biz. Son single intitulé « Sinabokobu » conquiert le respect des mélomanes.
Sinabokobu est normalement un cours d’histoire. L’on sait le griot Barasuno friand du style de récit épique dans la plupart de ses chansons. Ici, il va rajouter le ton impératif qui invite dès l’entame, à aller jusqu’au bout de la chanson. On y découvrira donc, un à un, chacun des 38 empereurs qui ont accédé au trône de Nikki, pour gérer le territoire du Baru Tem depuis plusieurs siècles. Le premier, c’est Simin Dobidia. Le 38e, encore sur le trône, est Sabi Na Yina III. Il précisera, pour chacun, à quelle dynastie il appartient. La cerise, c’est que le Griot Barasuno nous permet, dans son single Sinabokobu, de maîtriser l’origine des cinq dynasties qui se succèdent au trône de Nikki.
L’ancêtre Souno Séro, dit-il, de façon péremptoire comme pour clore un vieux débat, n’a jamais régné. Mais avant, il explique comment chacune des dynasties est née et le nom de règne dicté par le découpage binaire des générations chez le Baatonu, selon que l’on soit Kpaï, de la première génération, ou Woure de la deuxième génération. A son arrivée dans le Baru Tem, l’ancêtre épousa une femme du groupe socioculturel Hausa. Ainsi naquit la dynastie Yari Sanon, ou Lafiarou. Lorsque le souverain est de la génération des Kpaï, il portera le nom de règne de Sabi Na Yina. S’il est plutôt de la génération des Woure, son nom de règne sera Kpee Lafia. Il épousa également une femme d’origine Boo, d’où naquit la dynastie des Sanou Karawe. Leur nom de règne sera Sero Baguiri.
Il épousa ensuite une femme Makaro d’où naquit la dynastie des Makararou. Les Kpaï seront les Sero Toorou, alors que les Wure seront les Sero Kpera. Il épousa aussi une autre femme d’origine Boo et griotte, d’où naquit la dynastie des Gbaasi Mako. Ils seront Sero Taasou ou Kpee Gounou, selon qu’ils sont de la première ou de la deuxième génération. Par la suite, il épousa une troisième femme Boo, elle aussi griotte, d’où naquit la dynastie des Mako Korarou. Les souverains Kpaï répondront au nom de Kpee Soumaila, alors que les Woure répondront au nom de Sero Kora.
Si on n’est pas dans un livre d’histoire, on en est à la source avec le Griot, l’espace d’une chanson qui légitimement dure six minutes. Six minutes que l’on peut voir à peine défiler tant on se laisse facilement intriguer par le démarrage de la chanson.
Une voix de femme, sur un style de chansons de conte mystérieux africains, entonne une partie de l’hymne des Simè, nom du premier souverain de Nikki. Elle répètera pour nous entraîner dans la chanson, jusqu’à ce que le son de la grosse caisse s’associe aux slaps de la guitare basse pour nous imposer un rythme fort, enveloppant, qui nous entraîne de force dans la chanson. Le Griot pourra ensuite profiter du premier chœur pour nous faire atterrir en douceur dans un autre style énumératif.
Guitares pentatoniques et métal rivalisent avec le talking drums et les basses pour ne tenir de bout en bout jusqu’à la descente des six minutes de la chanson. Et tout de suite, l’envie de réécouter s’impose. ça tourne donc en boucle! Et tout va bien. Ce single à but pédagogique distribué gratuitement vient en supplément à son nouvel album Gari, lancé en février lors d’un concert inédit à l’Institut Français de Parakou.