Un grand reportage de Patrick Lafia Fico
SANDILO, un village de GNINSY dans la commune de Pèrèrè, situé à quelques kilomètres de la frontière avec le Baru tem du Nigeria distant d’environ 100 km de Parakou, est coupé du reste du Bénin. Des crevasses et des étendues d’eau coupent la route, obligeant souvent à des déviations dans la brousse. Des troncs d’arbres et des cailloux sont utilisés de part et d’autre pour faciliter la circulation. Un parcours du combattant qui facilite des braquages en pleine journée.
Soulemane Abdou Kari Monra, est conducteur de taxi et depuis trois jours son véhicule est tombé en panne alors qu’il transportait des sacs de riz destinés à la consommation de la population. Difficile de trouver un mécanicien pour le dépanner. Il devient du coup mécanicien et avec l’aide de ses apprentis, il se débrouille tant bien que mal. Il se plaint en ces termes :
« j’ai quitté Dikidirou pour Sandilo et cela fait trois jours que nous sommes en train de faire le trajet alors que mon véhicule est chargé de riz destiné à la consommation de la population. La voiture s’enfonce à tout moment à cause du mauvais état de la voie. Cette voie a été réfectionnée il y a au moins huit ans. Dikidirou et Sandilo c’est à peine 18 km et normalement il faut juste 30 minutes. Voilà que je fais trois jours à cause de la voie. Nous implorons vraiment l’aide du gouvernement afin qu’il nous vienne au secours. »
Sabi Sékou Ousman et Mohamed Ayouba, tous natif de Sandilo, décrient la situation et appellent au secours.
« L’hôpital de Sandilo ne se développe plus. Par exemple quand il y a un cas grave on se déplace pour aller au Nigeria. Si le malade ne peut pas être transporté par un véhicule, ça devient dangereux pour nous. C’est nous qui supplions la population puisqu’ils ont décidés de ne même pas voter s’il n’y a pas de voies. On a crié partout. La voie qui nous concerne plus, c’est Sandilo – GNINSY. Il y a plusieurs difficultés par rapport à cette route parce qu’il y a les agriculteurs qui font plusieurs produits mais pour vendre ces produits, ça crée beaucoup de difficultés à cause de la voie. Même les commerçants ne peuvent pas se déplacer, si bien qu’on est obligé de vendre ces produits au Nigeria à bas prix. Même si le prix est élevé au Bénin, les acheteurs ne peuvent pas venir. Ça fait qu’on ne cultive plus le coton car les camions ne peuvent pas venir pour le transport.»
Économiquement les activités génératrices de revenus des femmes de Sandilo en reçoivent un coup.
Yarou Gnanki:
Nous avons assez de difficultés. Avant, c’était mieux. Quand on quittait ici, en quelques minutes nous voilà à GNINSY, pareil en allant à Guinagourou pour commercialiser nos produits. Maintenant, la voix n’est plus praticable. Nous avons demandé de l’aide et nous en demandons toujours. Quand un enfant est malade, et qu’on nous demande d’aller à l’hôpital de Pèrèrè ou Nikki c’est impossible.
Amsatou Ararisounon:
Maintenant nous ne vendons plus. Autrefois, les habitants de Pèrèrè venaient nombreux. L’absence et l’impraticabilité de la voie nous appauvrit même quand tu commercialises quelque chose, personne n’achète. Seuls les Nigérians viennent et achètent à des prix minables. Comment nourrir nos petites familles ? Que l’État vienne à notre secours.
Les activités des centres de santé tournent au ralenti. Les agents de santé éprouvent d’énormes difficultés. Le chef poste de l’hôpital de Sandilo, Dègla David a fait savoir que les activités prennent un coup surtout en saison pluvieuse où sévit les maladies hydriques.
Nous avons eu déjà deux cas de femmes enceinte qui ont accouché en pleine rue à cause de l’état des routes.
La toute dernière a beaucoup saigné. Si les autorités à divers niveaux pouvaient y penser pendant la saison sèche, ça serait bien.
Pour mener nos activités, surtout les stratégies avancées de la vaccination, pour des trajets de 30 minutes nous faisons une heure voire deux heures. Normalement ce sont les véhicules qui s’enfoncent mais sur cette voie, toutes les motos s’enfoncent et ainsi, nous avons des difficultés pour aller chercher les vaccins. Même les autorités savent que nous avons des difficultés. L’équipe de supervision départementale n’a pu venir aussi.
Que fait la mairie de Pèrèrè pour soulager les peines des populations ?
A cette question Marietou TAMBA, maire de la commune répond.
Nous avons essayé de faire des visites techniques pour voir combien coûtera la voie. Nous pouvons la recharger et non la réfectionner. On a écrit au ministère des travaux publics. Des courriers sont sans suite jusqu’à présent. Entre-temps, nous avons écrit également au Président de la République. Nous continuons d’écrire et même quand nous allons en mission à Cotonou, nous en parlons. Nous utilisons ce que nous avons dans notre budget mais nous demandons à ce que le gouvernement puisse nous venir en aide dans la commune.
Face à cette situation, la population décide de prendre son destin en main. En témoigne un groupe de jeunes qui s’attelle à recharger la voie pour faciliter la circulation.
BEKOU Théophile en parle
Chaque année nous avons toujours des braquages en pleine journée. Il y a souvent des braquages et des accidents. Nous n’avons pas trouvé celui qui va le réparer alors nous-mêmes nous avons pris l’initiative. D’autres s’arrêtent pour nous donner de l’argent mais ceux qui ne savent pas l’importance de ce que nous faisons ne nous donne rien.
Sans les engins lourds adaptés aux travaux publics, ils ne se servent que de leurs houes et des coupe-coupe pour recharger la voie. Quelques Usagers s’arrêtent volontiers pour faire de petits dons en guise de motivation. En attendant la réaction des autorités compétentes.
je connais bien cette voie, c’est vraiment un calvaire de faire ce trajet . les risques de braquages sont énormes. vivement que nos autorités y accordent une atte tion particuliere